
Shane Bailey, 36 ans, nous raconte son parcours
Une Saga Familiale :
Ma mère est française et mon père est né en Afrique.
Véritable globe-trotter, mon père a grandi entre l’Irlande, le Royaume-Uni, et l’Amérique avant de partir exploiter en Nouvelle-Zélande. Berger passionné par les animaux, il a consacré sa vie à voyager pour mieux comprendre les systèmes de pâturage. Cette passion pour les ovins et les bovins, il me l’a transmise avec amour ainsi quà mes frères. Dès notre plus jeune âge, nous avons été bercés par les histoires de pâturages et les observations des comportements animaliers.
Dans les années 80, mon père fait ses premiers pas de conseiller de pâturages en France. Il avait en parallèle une entreprise de pose de clôture ainsi qu’une exploitation familiale dans les Corbières (11- Aude). Son expertise et son dévouement lui ont permis de travailler avec de grandes entreprises. Convaincu que les éleveurs français rencontraient des difficultés à cause d’un matériel de clôture inadapté, il n’a jamais cessé de chercher des solutions.
En 2010, il réalise que ce qui manque le plus aux éleveurs, ce sont des informations techniques sur les méthodes de subdivision parcellaire et l’étude du comportement animal. Avec la même passion qu’il nous a transmise, il fonde PatureSens pour combler ce besoin crucial. C’est cette vision et cette détermination qui continuent d’inspirer notre famille et de guider nos pas aujourd’hui.
Un Parcours Innovant et Audacieux
Ma propre a v e n t u r ea commencé dès l’âge de 15 ans, lorsque j’ai quitté l’école pour travailler à temps plein. Mon parcours m’a conduit à explorer divers secteurs comme la scierie, la menuiserie, l’hôtellerie et la restauration, des métiers physiquement exigeants qui m’ont passionné pendant de nombreuses années.
À seulement 18 ans, j’ai été promu responsable, puis adjoint de direction à 20 ans.
Après avoir vécu en Amérique du Sud et en Nouvelle-Zélande, où j’ai découvert de nouvelles perspectives et cultures enrichissantes, j’ai ressenti le besoin profond d’insuffler une nouvelle dynamique à PatureSens. C’est ainsi qu’en 2013, je me suis joint à l’équipe pour faire progresser le réseau que mon père avait si ardemment construit avec mon frère Joey, et deux exploitants agricoles des Deux-Sèvres (Dominique et Ghislain Mainard).
De PatureSens à PatureVision : Un Tournant Déterminant
En 2014, avec mon frère Joey et le soutien précieux de mon épouse Laura, nous avons repris les rênes de PatureSens alors au bord de la faillite. C’était une période difficile financièrement, mais nous avons puisé dans notre détermination collective pour redresser la barre. Le blog «je-pâture» a marqué un tournant décisif, élargissant notre audience et donnant une nouvelle dimension à notre entreprise.
Grâce à l’engagement infatigable de Joey, Florent Cotten, et Guillaume Baloche, ainsi qu’à notre réseau de formation florissant, nous avons évité l’échec et jeté les bases de notre évolution vers PatureVision. En 2018, nous avons fondé cette nouvelle entité avec une vision claire : non seulement développer des clôtures électriques innovantes, mais aussi fournir aux éleveurs les outils nécessaires pour optimiser la gestion de leurs troupeaux.
Le développement de technologies telles que les cages de pesées Clipex et les pompes doseuses pour minéraux dans les réseaux d’eau ont renforcé notre engagement envers l’amélioration continue des pratiques agricoles. Mais au-delà de nos activités commerciales, c’est l’épanouissement de notre équipe qui reste au cœur de notre réussite. Avec 15 à 25 personnes à nos côtés, nous privilégions un environnement de travail ergonomique et innovant, où chaque membre peut s’épanouir et contribuer pleinement.
Collaboration Globale et Innovation
Notre succès repose également sur notre réseau international solide et la confiance établie avec nos partenaires fournisseurs. Ensemble, nous recherchons constamment le matériel le plus adapté et forgeons des partenariats basés sur la confiance et l’innovation. Ces relations stratégiques nous permettent de répondre aux besoins spécifiques des éleveurs tout en restant à la pointe de l’industrie agricole.
Nous avons appris à chaque étape de notre parcours que la réussite repose sur la collaboration et l’engagement envers nos valeurs familiales. C’est cette approche humaine et cet esprit d’équipe qui continuent de guider notre chemin vers un avenir prometteur pour PatureVision et au-delà.
PâtureVision : Pionniers de l’Environnement et de l’Innovation
Depuis nos débuts il y a 7 ans, les défis n’ont cessé de se multiplier. Depuis le début, l’écologie est dans notre ADN, notre vision s’élargit pour intégrer les enjeux environnementaux au cœur de notre entreprise.
En tant que premier e-commerçant à dire adieu aux emballages superflus, nous avons déjà évité l’expédition de 25 000 tonnes de carton chaque année. Nous avons également banni le film plastique où nous le pouvons. Chaque carton d’emballage reçu est minutieusement broyé et composté, contribuant à des tests innovants de matériaux de construction isolants.
Nous n’arrêtons pas là : nos essais de calage des colis utilisent de la laine, soutenant ainsi la filière ovine tout en promouvant un matériau facilement compostable et utilisable en mulching.
Depuis l’année dernière, j’ai fait le choix de céder Paturesens pour me consacrer corps et âme à PatureVision et à notre nouvelle aventure sur le terrain.
Cette lourde décision nous permet de nous consacrer à notre développement tout en laissant PatureSens prendre de son initiative sans être dépendant ou de subir nos choix et décisions.
Du Digital au Végétal : L’Aventure de Résilience
En 2022, Tommy, à 37 ans, rejoint notre équipe, incarnant le même esprit entrepreneurial que ses frères. Avec une stature imposante de 178 cm et un engagement hors norme, Tommy est un travailleur acharné qui adore relever les défis. Ensemble, nous avons donné vie à Résilience, notre exploitation au Pays Basque. Dans cette région aux 1600 mm de pluviométrie annuelle, nous avons établi nos clôtures, investissant dans un potentiel herbager exceptionnel.
Résilience s’étend sur 60 ha, dont 40 ha exploitables. Le reste est boisé et non mécanisable. Notre cheptel actuel compte 80 bovins Angus à l’engraissement, 110 bovins Herbopactes, et environ 200 brebis mères bénéficiant d’un programme de sélection rigoureux.
Naviguer dans ce nouvel environnement n’a pas été sans défis. Nous avons dû apprivoiser la pluviométrie abondante et gérer nos troupeaux dans un milieu humide, découvrant au passage les particularités pédoclimatiques du sol, des expositions, ainsi que la flore et la faune locale.
Les défis sanitaires ont été nombreux, surtout avec nos jeunes animaux provenant à 100 % de l’extérieur, et nos ovins à 100 % de primipares. Adapter notre système aux pressions parasitaires existantes et comprendre l’historique sanitaire de la ferme ont nécessité l’assistance précieuse de partenaires comprenant notre vision.

L’installation de notre infrastructure a été un investissement énergivore, du bâtiment aux équipements de clôture, sans oublier la centralisation denos premières données récoltées. La pesée et la contention se sont avérées nos plus grands investissements, cruciaux pour étudier la résilience de nos animaux face aux parasites, impliquant environ 700 coprologies annuelles pour nos ovins. Nous avons choisi de mettre notre ferme sous pression maximale dès le départ, même si cela a parfois semblé difficile à gérer. Les erreurs font partie intégrante de notre parcours, mais nous cherchons continuellement nos axes d’amélioration. Nous avons volontairement surchargé notre système en animaux pour gagner en flexibilité financière et absorber rapidement les coûts inattendus de notre installation. Bien que cette approche ait impacté notre rentabilité cette année, elle a permis d’amortir efficacement les surcoûts financiers imprévus.
Cette première année avec Résilience a été une leçon enrichissante qui nous pousse à développer des outils d’analyse plus pointus et à ajuster notre stratégie en permanence. Plusieurs mesures ont d’ores et déjà été retenues:
- choisir la production animale en fonction de nos échecs
- opter pour l’achat de cheptels plus âgés
- définir les dates d’arrivée des animaux
- imposer un protocole stricte avant l’arrivée des animaux puis sur place
- orienter la sélection ovine avec l’import d’embryons, etc.

Qu’apprécies-tu particulièrement de la France et des Français ?
Je suis profondément Français, imprégné d’une ouverture mondiale forgée par notre parcours. À l’étranger, nous avons appris que la persévérance et la créativité sont les clés de la réussite, même au travers des échecs.
Nous devons promouvoir l’engagement des Français envers l’entrepreneuriat et la reconnaissance de nos agriculteurs. En France, notre culture riche et notre histoire façonnent nos régions et les hommes.
La diversité ethnique renforce notre savoir collectif. Notre patrimoine gastronomique varié est une source importante de compétences et de savoir-faire.
Je crois fermement que la positivité doit être au cœur de notre éducation, nous encourageant à toujours viser haut et à valoriser notre héritage unique.
L’éducation sur les échecs et l’entrepreneuriat, ainsi que la promotion de la positivité, devraient être les moteurs de la réussite que nous transmettons aux générations futures.