L’élevage du veau

Sean Chubb, Consultant LIC Europe

Une vache rentable est celle qui produit efficacement un lait de qualité au coût de production le plus bas pendant plus de 4 lactations. Obtenir une vache rentable ne se résume pas à choisir un taureau à fort potentiel génétique et à l’accoupler avec une vache à fort potentiel génétique (même si cela y contribue). Préalablement à leur entrée dans le troupeau, votre conduite des génisses influencera la concrétisation de leur potentiel génétique en tant que vache.

C’est pour cette raison que les veaux doivent être considérés comme un investissement et non pas comme une charge pour votre activité. Pour évaluer la performance d’élevage des veaux, certains objectifs doivent servir de repère pour identifier les secteurs à cibler. Si vous ne pesez pas encore vos génisses, la proportion de celles qui parviennent en deuxième lactation est une autre cible qui peut servir de repère. Cet objectif est de 90% ou mieux. Le problème de ce chiffre est que le troupeau peut être influencé par des contraintes liées à l’infrastructure, ce qui fait que ce pourcentage est plus difficile à interpréter s’il s’agit d’une question de conditions d’élevage.

Protéine, iode, sélénium chez l’amouillante

La période de prévêlage est importante pour s’assurer que les veaux naissent avec la meilleure chance possible de vivre. Les vaches commencent à produire leur colostrum 5 semaines avant la naissance du veau et cette production est influencée par l’alimentation et les minéraux qui leur sont proposés au cours de cette période. Les vaches taries exigent un minimum de 12% de protéine dans leur régime, si la protéine est inférieure à ce niveau pendant une période prolongée, le colostrum sera de moindre qualité. Si vous faites vêler des vaches qui ont pâturé pendant l’hiver, leur niveau d’iode risque d’être faible puisque cet oligoélément est facilement lessivable dans le sol en conditions humides; les vaches exigent également plus d’iode en conditions froides. Si elles pâturent des crucifères, celles-ci contiennent des composés qui rendent l’iode de la ration inutilisable. Le sélénium est nécessaire pour la viabilité de veau et sa survie, mais il est mortel en excès, il est donc important de chercher du conseil.

Condition corporelle 30 jours avant vêlage

Outre le choix du taureau, la note de condition corporelle est importante pour la facilité de vêlage. Les vaches n’ajouteront pas d’état durant les 30 jours précédant le vêlage. Elles doivent donc préalablement être en condition correcte et être alimentées en fonction de leurs besoins. Une suralimentation ne fera que faire prendre du poids au veau in-utero pendant cette période. Les veaux qui doivent être aidés pour venir au monde ont un moindre pourcentage de survie à cause du supplément de stress qu’ils subissent lors d’un vêlage aidé.

Pesée des nouveau-nés recommandée

La pesée des veaux dès l’entrée dans ces cases d’élevage informera sur la mise pratique du niveau de colostrum et du lait avec lequel ils doivent être alimentés. Disposer du véritable poids de naissance vous donnera aussi la possibilité de contrôler leurs vitesses de croissance au fil du temps et de repérer exactement les secteurs à problème si les niveaux de croissance de la jeune génisse s’abaissent à partir d’un moment.

Transitions et développement du rumen

Après la période de nourrissage au colostrum, l’alimentation des veaux vise au développement du rumen, à préparer les veaux vers une transition au sevrage en douceur et vers la mise à l’herbe. Tout ceci doit se faire en essayant de maximiser la croissance et en réduisant les coûts au minimum.

La manière dont les veaux sont alimentés aura une incidence sur leurs niveaux de croissance pré et postsevrage. Le régime alimentaire qui suivra a pour objectif de développer le rumen rapidement tout en permettant aux veaux d’évoluer à un rythme soutenu pour atteindre un âge au sevrage précoce autour de 6 semaines. Proposer aux veaux 15% de leur poids corporel en lait et une alimentation à volonté apportera aux veaux des niveaux d’énergie adéquats dès le début. Puis, en fonction de l’accroissement de leurs besoins énergétiques, ils tireront cette énergie d’une consommation accrue de l’aliment concentré. Sous ce régime, les veaux peuvent être sevrés s’ils ont au moins doublé leur poids de naissance et consomment au moins 1.5kg de concentré. S’ils ne sont pas parvenus à aucun de ces deux repères, ils ne seront pas prêts à être sevré du lait. Les veaux doivent avoir accès à de l’eau fraîche et claire ainsi qu’à de la paille tout au long de cette période puisqu’elles contribuent à développer le rumen.

Incidences des volumes de lait consommés

La recherche a montré qu’inclure un supplément de 0.7kg de colostrum par tranche de 5 litres de lait proposées aux veaux entre le 2e et le 14e jour de vie augmentera leurs niveaux de croissance pendant cette période en comparaison des veaux uniquement alimentés en lait. Pour obtenir ces gains de croissance, cette alimentation en colostrum n’a pas à être le premier colostrum trait.

Une autre étude a montré que l’augmentation du volume de lait jusqu’à 8 litres par jour aidera à augmenter la dimension du rumen de la vache et augmente les consommations. Cette étude a été faite sur des vaches hébergées et, même si les consommations des vaches pâturantes sont limitées par le pourcentage de matière sèche de l’herbe, les bénéfices escomptés de l’adoption de cette méthode dans un système herbager devrait pourtant être limités. Le revers de l’alimentation favorisant un plus grand volume de lait est que les veaux auront besoin davantage de tempspour commencer à consommer du concentré et retardera le développement de leur rumen.

Des laits de substitution d’origine animale

Si vous employez des laits de substitution, il faut noter que les veaux nouveau-nés ne peuvent pas digérer la plupart des protéines d’origine végétale et certains sucres, donc ces laits de substitution doivent contenir des protéines animales et des sucres.

Les veaux ont besoin d’énergie et de protéine pour leur développement. L’énergie et les protéines sont nécessaires pour le fonctionnement de l’organisme. La protéine doit fournir des acides aminés pour la construction du muscle. Essayez d’éviter de changer d’alimentation puisqu’elle peut provoquer des diarrhées.

Un seul événement par semaine

Le sevrage et la mise à l’herbe peuvent être une période très stressante pour les veaux, nous voulons donc limiter les stress liés à un seul événement par semaine. Le sevrage en lait du veau doit être entrepris sur une période de 2 semaines. Au cours de cette période, le niveau de lait proposé doit être réduit, il est important de ne pas couper le lait avec de l’eau. Il est préconisé de réduire le volume de lait puisque la dilution du lait augmentera le risque de piroplasmose (protozoaire babésia divergens transmise par les tiques) s’il s’agit de lait entier et qu’elle pourrait stopper la coagulation du lait. Au moment de leur sortie à l’extérieur, on doit proposer aux veaux la même alimentation qu’à l’intérieur, ceci contribue à limiter le stress de la transition. On peut cesser de proposer de la paille un mois plus tard et le concentré ne peut être réduit à zéro 2 mois après la sortie à l’extérieur. Il est important que les veaux soient quotidiennement déplacés vers de l’herbe fraîche puisque cela réduira leur risque d’ingurgiter des parasites.

Environnement : surface, chaleur, supplémentation

L’environnement dans lequel les veaux sont élevés aura un impact sur leurs niveaux de croissance. Les veaux qui sont regroupés dans des box de transition sont meilleurs au sevrage puis dans le troupeau trait, comparativement aux veaux élevés individuellement. C’est pour cette raison que les veaux doivent être élevés en groupes de 5 à 10 jusqu’au sevrage. On doit leur attribuer au moins 1.5 mètres carrés, si bien qu’un groupe de 10 veaux a besoin d’un espace de 15 mètres carrés. La superficie corporelle des veaux nouveau-nés est importante comparativement à son poids corporel, ils sont donc vulnérables aux conditions météorologiques, la palette idéale de température pour un veau est de 15 à 25 degrés. Pour des veaux âgés entre 0-3 semaines, si les températures baissent au-dessous de 15 degrés, ils doivent recevoir 50g de lait en poudre supplémentaire pour chaque tranche de 5 degrés au-dessous de 15 degrés. gés de 3-6 semaines, ils auront besoin de 50g supplémentaires de lait en poudre pour chaque tranche de 5 degrés au-dessous de 10 degrés. Si vous les alimentez en lait entier, il faut 0.33 litres supplémentaires par tranche de 5 degrés.

Environnement : air, litière, sociabilisation

Le flux d’air est important pour réduire le risque de pneumonie, la gamme cible du déplacement d’air est comprise entre 0.25 à 0.5 mètres par seconde.

Si on se trouve en dessous, l’air n’est pas renouvelé assez rapidement, et au-dessus la circulation est trop rapide et pourrait induire une perte de chaleur corporelle des veaux.

La litière doit être profonde, propre et sèche pour fournir un environnement chaud aux veaux. Cela signifie qu’il faudra probablement rajouter de la litière deux ou trois fois par semaine. Enfin, donner des jouets aux veaux pour qu’ils s’occupent réduira le risque de tétée croisée et améliorera leurs comportements sociaux.

Le poids et les taux de croissance auxquels parviennent les génisses au sevrage et à l’insémination auront une incidence sur leur potentiel de production laitière quand elles seront devenues vaches. Par conséquent, il est important que des niveaux réguliers de croissance soient obtenus tout au long de leur élevage.

Si vous avez des questions ou si vous rencontrez des soucis pour élever vos veaux, rapprochez-vous de votre vétérinaire et d’autres professionnels car la démarche sera amortie par le biais de meilleurs veaux, de moins de mortalité et d’une production plus élevée de vos vaches.